Des pertes abyssales… et un début d’aveu ?

Chers lecteurs, cela fait plusieurs semaines que nous n’avions rien posté, ce qui ne veut pas dire que nous avions baissé les bras. Bien au contraire ! Nous préparions la riposte dans l’ombre.
Le 30 avril dernier la société Officiis Properties a publié un communiqué de presse avec plusieurs « annonces » : les résultats de l’exercice 2018/19 tout d’abord (catastrophiques), mais surtout l’OPR tant attendue qui se fera à des conditions… surprenantes. Bonne nouvelle ? Oui, mais surtout parce que ce communiqué nous semble être un premier aveu.
1/ Les résultats 2018/19
Sur l’exercice la société a publié une perte de -48,6 M€, signe d’une gestion toujours aussi efficace, mais nous avons désormais l’habitude ! Quelques chiffres en vrac :
- des capitaux propres réduits à la portion congrue (-91% vs. l’année dernière)
- une dette nette à peine couverte par la valeur des d’actifs
- un actif net réévalué (ANR) de 0,10€/action (-96% vs. l’année dernière)
2/ L’OPR à venir
Dans ce communiqué de presse du 30 avril la société a surtout confirmé l’OPR à venir. Et le prix a été dévoilé : 1,20€/action.
Ce prix peut bien évidemment surprendre. Alors que l’ANR s’écroule chaque semestre un peu plus pour atteindre désormais 0,10€/action, l’actionnaire majoritaire accepte de payer « 12 fois » la valeur intrinsèque. Le prix de l’OPR représente « 4 fois » le dernier cours de bourse avant l’annonce le prix de l’OPR.
Comment expliquer cette soudaine et apparente « générosité » des actionnaires majoritaires qui ne nous avaient pas habitué à cela ? Se sont-ils rendu compte que la ficelle était vraiment trop grosse et que certaines personnes ou autorités (actionnaires minoritaires, AMF, juges) allaient trouver des choses à redire à cette situation ?
D’une certaine façon ils achètent ainsi la paix. Ou du moins ils pensent le faire… sans tenir compte du fait que beaucoup d’actionnaires restent très perdants, et nous ne parlons même pas de ceux rentrés à l’introduction en bourse vers 17€ et qui ont perdu -93% de leur patrimoine !
3/ Un début d’aveu sur le prêt TTC1 ?
Ce communiqué contient une information – ou plutôt une confirmation – particulièrement intéressante.
Il y est indiqué que « le groupe [dispose] d’une trésorerie suffisante pour faire face à ses échéances dans les 12 prochains mois, soit jusqu’au 31 mars 2020 » mais qu’« au-delà de cette date, la Société estime qu’elle pourrait ne pas avoir les moyens de rembourser dans sa totalité le prêt non-bancaire subordonné et l’obligation convertible en actions de la Société qui viennent à échéance le 31 juillet 2020 ». Ailleurs on enfonce le clou : « La Société a donc l’intention de négocier avec ses créanciers, ou envisagera une augmentation de capital (…). Si l’issue de ces négociations n’était pas favorable ou si la trésorerie obtenue à la suite d’une éventuelle cession ultérieure de l’actif Magellan n’était pas suffisante, le maintien du principe de continuité d’exploitation pourrait ne pas être approprié. »
Nous sommes actuellement à 16 mois de l’échéance et la société semble se soucier assez sérieusement de sa capacité (ou plutôt son incapacité) à pouvoir rembourser le prêt TTC1 et les OC. Elle envisage même selon ses termes de « négocier avec ses créanciers » (qui, petite précision utile, sont intimement liés à l’actionnaire majoritaire).
Et c’est là que cela devient intéressant car cette situation ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de 2016 où la société Officiis avait vu son principal emprunt (le fameux Prêt TTC1 déjà…) arriver à échéance. Elle avait alors dû « négocier avec [son] créancier », ce qui avait abouti à la hausse démesurée du taux de 8,5% à 14%.
Pourtant à cette époque la société Officiis ne semblait pas particulièrement angoissée par son incapacité à rembourser le prêt à son échéance :
- En juillet 2015, alors que TTC1 et REOF prennent le contrôle de la Société, aucun dirigeant ou conseil externe ne semble se soucier de l’échéance prochaine (31 décembre 2016) du prêt TTC1 (que la Société n’avait absolument pas les moyens de rembourser compte tenu de sa trésorerie quasinulle),
- Dans le rapport semestriel daté du 30 septembre 2015, et diffusé au public le 23 décembre 2015, la question de l’échéance prochaine du prêt n’est toujours pas abordée (nous sommes pourtant alors à un an de l’échéance),
- Il faudra attendre le rapport annuel daté du 31 mars 2016, et diffusé au public le 22 juillet 2016, soit 5 mois avant l’échéance, pour que la question soit enfin évoquée… mais pas encore tranchée ! Car en effet « en juin et juillet 2016, Officiis et TTC1 ont échangé sur l’opportunité d’étendre la maturité du Prêt ». Le terme « opportunité » apparaît particulièrement malheureux dans le contexte, mais surtout, pourquoi avoir attendu autant de temps pour « échanger » puis « négocier » avec TTC1 (qui est, par ailleurs, lié à l’actionnaire majoritaire) ?
Finalement Officiis Properties et TTC1 signeront en septembre 2016 un avenant à ce prêt aux termes duquel sa maturité sera reportée au 31 juillet 2020, soit la même échéance que la dette bancaire et l’obligation convertible toutes deux émises en juillet 2015. Tout ceci aurait bien évidemment pu/dû être fait dès juillet 2015 et sans passer par la coûteuse hausse du taux d’intérêt de 8,5% à 14%.
4/ Quelle(s) conclusion(s) ?
Nous tirons plusieurs enseignements importants de ce communiqué :
- L’OPR en apparence « généreuse » démontre, selon nous, que les actionnaires majoritaires ont clairement des choses à se reprocher ;
- Le fait que la société se soucie désormais du risque de non remboursement du prêt TTC1 à 16 mois de son échéance alors qu’elle avait été plus légère en 2015/2016 conforte nos doutes quant à la supposée « négociation » intervenue en 2016.
Permettez-nous chers lecteurs de ménager un peu le suspense… car le chapitre II de cette histoire vient de s’ouvrir. Restez connectés !